Je voudrais savoir : Gaza, une ville juive ?
Étudiant juif à Paris, je suis avec beaucoup d’intérêt et d’inquiétude la situation au Proche-Orient. Mes discussions avec certains de mes amis sont parfois houleuses. On me dit : « Les Juifs n’ont rien à faire à Gaza. C’est une terre historiquement arabe. Pourtant, l’un de mes cousins, qui s’y connaît, ne cesse de me répéter ; « Je t’assure. Il y a longtemps Gaza était juive ! ». Pouvez-vous m’éclairer ?
Votre cousin n’a pas tort. Et si Gaza, dans le cœur et la mémoire des Juifs, n’est pas Jérusalem, elle a, selon les historiens, un passé juif incontestable. La présence juive à Gaza est attestée dès le deuxième siècle avant JC. Elle a connu des hauts et des bas en fonction des guerres et des conquêtes. Au Moyen Âge et pendant trois siècles, la communauté juive est florissante à Gaza. Les Croisés, en détruisant la ville, au 12ème siècle, la vident pratiquement de sa population. Il faudra attendre le 17ème siècle pour voir les Juifs revenir à Gaza. Sous la direction de Nathan de Gaza, la ville devient un centre florissant du mysticisme juif. C’est là que naît le mouvement messianique. La communauté juive de la ville subsistera jusqu’en 1948 où il faudra l’évacuer à la suite de la guerre entre l’Etat naissant d’Israël et les armées arabes coalisés. C’est après la Guerre des Six Jours que des Juifs se réinstalleront à Gaza. Ils seront forcés da la quitter en 2005 suite à l’accord de désengagement conclu par le Premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon. 8000 Juifs retourneront alors en Israël. Ils abandonneront leurs synagogues, leurs maisons et leurs fermes qui seront détruites après leur départ. Parmi les vestiges attestant de la présence juive millénaire à Gaza, une mosaïque représentant le roi David jouant de la harpe a été découverte dans le quartier de Rimal. Si certains érudits juifs considèrent que, selon les normes talmudiques, Gaza se situent en dehors archéologiques des frontières d’Israël, d’autres se plaisent à rappeler que lorsque le roi Salomon prit pour épouse la fille de Pharaon, celle-ci lui apporta, en guise de dot, la ville de Geser, c’est-à-dire Gaza.
JIPEA