Ils ont fait notre histoire

Haïm Arlozorov, a participé à la renaissance d’Israël

Haïm Arlozorov naît 1899 en Ukraine qui faisait partie, à l’époque, de l’empire de Russie. Quand il y eut un pogrom en 1905, sa famille émigra en Allemagne. Le jeune Haïm reçut de ses parents une éducation juive et un amour du sionisme. Après la Première Guerre mondiale, alors qu’il était étudiant, il fonde avec d’autres Juifs un parti non-marxiste qui était allié avec le Hapoel Hatzaïr en Israël, le premier parti socialiste sioniste créé en Palestine en 1905. Son groupe édite un journal, « Die Arbeit » (Le Travail), dont il est l’un des rédacteurs et il rédige en 1919 un petit ouvrage dans lequel il présente l’avenir d’un socialisme adapté à l’implantation des Juifs en Israël.
Il arrive pour la première fois en Palestine en janvier 1921. Il y reste pendant neuf mois après avoir assisté aux émeutes créées par les Arabes à Jérusalem fin 1920 et en 1921 à Jaffa. Il constate qu’il y a un grand problème avec la communauté arabe et conclut que la seule solution, pour le mouvement sioniste qu’il représentait, était de créer un foyer national juif afin d’arriver à une compréhension mutuelle entre la communauté juive et la population arabe. Il a quand même l’idée qu’une révolte juive permettrait de prendre aux Arabes par la force des terrains pour le futur État juif. De retour en Allemagne il termine ses études et obtient son doctorat d’Économie en 1924.

Arlozorov au centre avec Haïm Weizmann, Moshé Sharett en discussion avec les dirigeants de la région pour acheter des terres en Transjordanie


Pendant la fin de ses études il fait la connaissance d’une amie de sa sœur Lisa, Magda Behrend, avec qui il aura une forte liaison amoureuse, et qui sera la future Magda Goebbels, épouse du tortionnaire nazi Joseph Goebbels,
Toujours attaché au mouvement sioniste, il grimpe les échelons du parti pour arriver en 1924 à être nommé au Comité exécutif.
À la fin de ses études universitaires, en 1924, il monte en Israël avec sa famille. Au départ, il travaille dans le département économique de la station expérimentale agricole de l’Agence juive, mais c’est par l’écriture et son activité avec la jeunesse travailliste qu’il trouvera satisfaction. En 1926, il sera nommé secrétaire du parti.
Ses aptitudes et ses qualités attirent l’attention de Haïm Weizmann, qui l’invite fin 1926 à se joindre à la délégation du Keren Hayessod pour un voyage aux États-Unis. Arlozorov, courageusement, critiquera le judaïsme et le sionisme américain et écrira ses analyses intitulées « New York et Jérusalem » et « le sionisme américain », sur les problèmes de la grande diaspora du 20ème siècle.
En 1929, on le nomme ministre des Affaires étrangères de la direction sioniste en Israël ; il montrera ses qualités d’orateur et de diplomatie sioniste de grande qualité.

 

 

Arlozorov et sa femme

    Haïm Arlozorov fut l’un des leaders du département politique de l’Agence Juive à Jérusalem entre 1931 et 1933, du Mapaï, le mouvement des travailleurs socialistes. Ainsi, il put nouer des relations personnelles avec le gouverneur britannique ce qui permis une amélioration des relations entre le mouvement sioniste et le pouvoir britannique. Il a agi de même avec les Allemands qui l’autorisèrent à récupérer les biens des Juifs d’Allemagne et même d’organiser leur immigration. Dans une correspondance secrète qu’il entretint avec Haïm Weizmann, pour lequel il avait beaucoup d’admiration, Arlozorov se dit pessimiste sur la voie que veut suivre le futur Premier président de l’État d’Israël pour réaliser le sionisme sans une période de transition passant par la rébellion contre le pouvoir britannique et la lutte armée contre les Arabes.
Durant le premier semestre 1922, Arlozorov et d’autres chefs du Mapaï avaient été très critiqués à cause des contacts qu’ils avaient pris avec le pouvoir nazi pour qu’il facilite le départ des Juifs allemands vers la colonie juive en Israël et que leurs biens soient récupérés ; les révisionnistes les avaient beaucoup critiqués à cause de ces relations avec les nazis.
Alors qu’il se promenait avec son épouse Sima dans la soirée du 16 juin 1933 (22 Sivan) sur une des plages de Tel-Aviv, un inconnu tira sur Arlozorov qui mourut suite à ses blessures. Sans savoir précisément qui était le tueur, les soupçons de la police britannique aidés du témoignage de l’épouse d’Arlozorov, qui était avec lui au moment de l’assassinat, s’orientent vers deux membres de l’organisation révisionniste extrémiste « Alliance des Brigands » et arrêtent Avraham Stavsky et Tzvi Rosenblath. Ce dernier fut libéré après avoir produit un alibi qui a convaincu la police ; mais Stavsky fut reconnu coupable et condamné à mort. Faute de preuves suffisantes, il fut, lui aussi, acquitté. Ces événements et la libération des deux hommes entrainèrent des relations tendues sur le plan politique entre le Mapaï et le mouvement révisionniste de droite qui était considéré comme violent. Certains pensent que la solution du mystère de l’assassinat d’Arlozorov se trouverait chez les Arabes. Cinquante ans plus tard, en 1982, suite à la parution du livre « Le meurtre d’Arlozorov » par Shabtaï Tevet, Menahem Begin, qui était Premier ministre, nomme une commission d’enquête dont les conclusions innocentent Stavsky et Rosenblath bien que les faits qui les accusaient n’étaient pas totalement infondés. Les proches d’Arlozorov ont rejeté les conclusions de la commission d’enquête.


Haïm Arlozorov est enterré à Tel-Aviv. Son souvenir a été perpétué par la nomination de plusieurs localités en Israël : Kfar Haim, Kiryat Haim et kibboutz Givat Haim

François Guezail