Balade : Boukhara en Ouzbékistan !
L’Ouzbékistan se trouve en Asie centrale entouré entre autres par le Kazakhstan et l’Afghanistan. Il a été occupé par de nombreux empires : Turc, Perse, Arabe, Grec et Mongol. En 1924, il devient une république soviétique puis indépendant en 1991. Une ville va se démarquer, Samarcande, et être une plaque tournante de la Route de la Soie entre la Chine et l’Europe.

Juifs de Boukhara
Un peu d’histoire : Apparemment les traces de la présence d’une communauté juive apparaissent après la destruction du Premier Temple de Jérusalem en 586 avant J-C mais elles ont été effectives grâce à la Route de la Soie et aux échanges commerciaux. Les documents retrouvés en Asie centrale datent d’une période qui se situe entre le IIIème et VIIème siècle de notre ère. À cette époque, les Juifs perses s’étaient sans doute établis à Samarcande et Boukhara. D’ailleurs, ces deux villes ont été des centres culturels juifs importants. La communauté juive d’Ouzbékistan s’est scindée en deux à travers les siècles : les Mizrahim, appelés Juifs de Boukhara, qui se réclament des tribus d’Issakhar et d’Éphraim, parlant le boukhori, un mélange de langue persane et hébraïque, et les Juifs d’Europe qui sont arrivés plus tard lors de la colonisation russe. Ils fuyaient les pogroms et les discriminations de l’Empire Russe. Ils se sont établis pour la plupart à Tachkent. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique est envahie par les nazis et les milliers de Juifs vont se réfugier en Ouzbékistan et renforcer la communauté juive.
Boukhara est située au centre-sud du pays. Elle est l’une des villes les plus anciennes du monde, fondée au IVème et Vème siècle avant notre ère et classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco qui la surnomme « Ville médiévale ».
Elle était, comme Samarcande, une étape essentielle sur la Route de la Soie. Centre culturel, intellectuel, spirituel et commercial ; elle est incontournable et très prisée par les touristes grâce à son exceptionnelle bibliothèque et à son artisanat traditionnel, la broderie au fil d’or et l’art du métal. Elle était dotée de monuments d’exception comme le minaret de Kalyan que Genghis Khan n’a pas détruit quand il a pris la ville d’assaut. Après cette invasion, Boukhara s’est reconstruite en un siècle. D’incroyables vestiges et monuments font la renommée de la ville.
Entre le IXème et Xème siècle, les membres de la communauté juive peuvent pratiquer leur religion et s’intégrer dans la société ; mais elle ne peut exercer que des métiers spécifiques en lien avec le commerce, l’artisanat et la médecine. Toutefois, durant les différentes invasions, les Juifs ont dû s’exiler et ont été persécutés. La première synagogue de Boukhara est construite en 1620 mais la communauté juive vit dans un quartier bien défini. À une époque, elle régnait sur les industries de textiles et de colorants de la région. Il y a deux synagogues dans Boukhara qui se relaient pour assurer le minyan. Il est possible de les visiter ainsi que le cimetière. Nombreux ont quitté le pays pour Israël en 1991. La communauté compte actuellement aux alentours d’une centaine de personnes. Les enfants sont minoritaires alors qu’ils vont dans une école juive.
Le milliardaire, philanthrope et donateur israélien, Lev Leviev est un célèbre Juif boukharien qui vit à Londres. Il finance les écoles pour la communauté juive boukharienne et différents journaux comme le Bukharian Times. Dans le quartier du Queens à New-York, il subventionne le Musée des Juifs boukhariens qu’il est possible de visiter. Des membres de la communauté se sont installés à Vienne et travaillent principalement dans l’alimentation casher et la restauration. Et en Israël leur secteur de prédilection est l’industrie du diamant.
Caroline Haddad